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19 mars 2015 | Gisèle Bolduc
Mise à jour : 13 novembre 2020
Territoire emblématique, le nord québécois demeure un espace de recherche et d’exploration livrant ses secrets à ceux qui ont la patience de l’étudier. À l’heure actuelle, le gouvernement québécois entend investir massivement pour le développement du Nord et rassemble une expertise de tous horizons pour appuyer ses démarches.
Invités comme conférenciers au Symposium international sur le développement nordique, les professeurs Carole Lévesque et Yves Bégin de l’INRS ont tous les deux insisté sur l’importance de faire du développement nordique un projet de société pour les Peuples autochtones concernés. Les Cris, les Inuits, les Naskapis et les Innus doivent être les artisans de leur développement.
Exposant quelques-uns des enjeux scientifiques du Plan Nord en lien avec les ressources et les conditions naturelles, le professeur Bégin a souligné que le changement climatique en est un de taille. Ses effets se font sentir sur d’autres enjeux liés aux ressources pluviales, à la production énergétique, aux ressources fauniques, au dégel du pergélisol, à régénération des forêts et aux grandes perturbations. Le professeur Bégin a rappelé que les enjeux hydrologiques, forestiers et miniers varient sur ce vaste territoire selon la latitude et la géologie des sous-régions.
« Il faut s’assurer que les points de vue et les expertises des Autochtones et les Inuits soient pris en compte afin que le Plan Nord soit un projet de développement harmonieux et durable, avance le professeur Bégin. Il importe de considérer les différences de culture et de mode de vie, une dimension importante dans la réalisation des projets. »
Une idée partagée par la professeure Carole Lévesque qui a participé à l’atelier sur les enjeux sociaux. Elle a livré ses réflexions sur le développement social et la place que devrait prendre la population autochtone des villes et communautés nordiques à cet égard.
À ses yeux, une meilleure compréhension des enjeux sociaux liés au Plan Nord passe par une reconnaissance à part entière des sociétés, communautés et populations autochtones, de leurs savoirs et du rôle des femmes dans la vie sociale et économique. Elle passe aussi par une meilleure connaissance des retombées pour les populations vivant différentes réalités.
« Les questions sociales étaient davantage à l’ordre du jour dans les années 1970 et 1980 que maintenant. Des mécanismes et des programmes avaient été mis en place afin de favoriser une meilleure connaissance des milieux nordiques, constate la professeure Lévesque. Le moment est venu de revisiter et d’actualiser les connaissances pour mieux comprendre le Nord de l’intérieur. » Un effort en ce sens a d’ailleurs été réalisé en 2012 avec la publication d’un cahier DIALOG intitulé Les peuples autochtones et le Plan Nord : éléments pour un débat.
Avec la création de l’Institut nordique du Québec, l’INRS et les autres universités partenaires réuniront l’ensemble des experts du Nord pour assurer que les projets soient durables. Les connaissances développées au fil des décennies et les technologies de pointe seront donc mises à profit et la communauté scientifique demeurera vigilante à tous les égards afin d’accompagner le gouvernement dans un projet de société qui sera porteur.
Chercheur en dendroécologie, le professeur Bégin est membre du Centre d’études nordiques et du réseau ArcticNet. Il est l’instigateur du projet ARCHIVES qui a permis de retracer l’histoire climatique et hydrologique de la forêt boréale. Quant à la professeure Carole Lévesque, elle est une pionnière dans l’étude des questions autochtones. Elle a aussi ouvert la voie à de nouvelles pratiques de recherche élaborées et réalisées en étroite collaboration avec les Autochtones, notamment en fondant DIALOG, le Réseau de recherche et de connaissances relatives aux peuples autochtones, qu’elle dirige depuis 2001. ♦
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