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20 janvier 2020 | Audrey-Maude Vézina
Mise à jour : 28 août 2024
L’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture lance l’année internationale de la santé des végétaux et l’état d’une plante passe avant tout par les microorganismes qui l’accompagnent. L’équipe du professeur Étienne Yergeau de l’INRS étudie donc le microbiote afin de promouvoir la santé et la productivité des plantes.
« La plante interagit avec des dizaines de milliers d’organismes qui jouent un rôle central dans sa santé. Elle ne peut pas survivre sans son microbiote. Cette relation évolutionnaire a probablement commencé lorsque les plantes ont colonisé la terre ferme », lance le professeur Étienne Yergeau, spécialiste en écologie microbienne, à l’INRS, à Laval. Comme chez l’humain, les micro-organismes qui vivent avec la plante peuvent lui être aussi bénéfiques que néfastes. Certains vont réduire la disponibilité des éléments nutritifs, alors que d’autres vont protéger la plante des organismes pathogènes et réduire son risque de maladie. Le groupe de recherche du professeur Yergeau tente de manipuler l’ensemble du microbiote pour favoriser les micro-organismes bénéfiques au détriment des pathogènes ou des compétiteurs qui peuvent empêcher la plante de pousser.
Un des objectifs du professeur Yergeau est de rendre la plante plus résiliente face au stress causé par les changements climatiques. Un microbiote adapté pourrait aider les végétaux à survivre aux périodes de sécheresse fréquentes. Afin de tester cette hypothèse, le chercheur dirige un projet de recherche pour déterminer quels micro-organismes sont responsables de l’adaptation au stress afin de les isoler. Son équipe reconstruit ensuite une communauté microbienne avec les meilleurs et vérifie la résistance de la plante.
Étienne Yergeau se penche aussi sur l’utilisation excessive de fertilisants qui nuit au microbiote et change la nutrition de la plante. Il travaille entre autres sur la nutrition azotée du blé. « On veut voir comment le blé pourrait s’associer à des micro-organismes qui aideraient à récupérer l’azote du sol pour réduire l’utilisation de fertilisant ou augmenter leur efficacité », explique le chercheur.
Sur le plan des insecticides, le microbiote pourrait aider à en réduire l’utilisation. « Les micro-organismes jouent un rôle auprès des insectes ravageurs. Certains champignons et bactéries sont capables de tuer les insectes. D’autres émettent des composés volatils qui pourraient les repousser », précise-t-il.
En plus d’assurer la santé de la plante, le microbiote pourrait favoriser sa croissance et augmenter la qualité de la récolte. « C’est extrêmement important, surtout avec l’explosion de la population mondiale. On a un manque à gagner en matière de production. Il faut que le rendement augmente ou que la plante soit capable de pousser dans une terre de moins bonne qualité pour satisfaire à la demande de nourriture de la planète », ajoute-t-il.
Le professeur Yergeau est persuadé que si l’on veut garder une bonne productivité face aux changements climatiques ou à la réduction des pesticides et des fertilisants, ce sera grâce au microbiote !