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Laurence Charton : la parentalité contemporaine et la place de l’enfant

20 juillet 2021 | Sophie Laberge

Mise à jour : 27 juillet 2021

La série « Tour d’horizon en trois questions » met en valeur la recherche sous toutes ses formes et porte un regard éclairé sur l’actualité.

La professeure Laurence Charton
La professeure Laurence Charton s’intéresse en particulier aux processus entourant les projets parentaux.

Directrice de la revue internationale Enfances Familles Générations, la professeure Laurence Charton, du Centre Urbanisation Culture Société, concentre ses recherches sur la transition à la parentalité et les stratégies permettant d’assurer la continuité, le renouvellement et la reproduction des structures et des groupes sociaux.

Elle s’intéresse en particulier aux processus entourant les projets parentaux et a dirigé un ouvrage collectif sur les imaginaires et les réalités conjugales et familiales, récemment publié aux Presses de l’Université du Québec. Elle est également coresponsable de la Chaire Périnatalité et parentalité du RISUQ et membre des partenariats de recherche Familles en mouvance et Séparation parentale, recomposition familiale.


Dans le cadre d’un projet financé par l’INRS, vous réalisez actuellement des entretiens avec des femmes enceintes sur la périnatalité et la transition à la parentalité en temps de COVID-19. Que pouvez-vous nous dire sur cette recherche dont vous êtes coresponsable avec la professeure Géraldine Delbès ?

Ce projet, auquel collaborent aussi mes collègues Laurent Chatel-Chaix, Jean-Charles Grégoire, Cathy Vaillancourt et Nong Zhu, vise à documenter et à mieux comprendre l’incidence psychosociale de la pandémie sur les femmes enceintes, dans une perspective interdisciplinaire.

De nombreuses études ont démontré que les symptômes de détresse durant la grossesse et en post-partum pouvaient avoir des répercussions sur le développement de l’enfant (particulièrement en affectant le placenta), mais aussi sur la santé des mères et le bien-être des familles.

Laurence Charton

Avec l’aide d’une assistante de recherche, je vais réaliser des entretiens à Montréal et en Abitibi-Témiscamingue auprès de femmes enceintes et venant d’accoucher. Je souhaite ainsi mieux cerner les conditions qui affectent, négativement ou positivement, le bien-être de ces femmes et de leur famille.

Les résultats devraient contribuer à une meilleure compréhension des éléments clés entourant la transition à la parentalité en contexte de pandémie. Ils permettront également d’identifier les environnements périnataux nocifs ou bénéfiques pour la santé et le bien-être des enfants, des femmes et des familles.


Avec la pandémie, assisterons-nous à une baisse ou une hausse de la natalité, considérant les incertitudes économiques et psychologiques ainsi que le manque d’accès à la contraception ou à des soins de santé ?

Pour le moment, dans les pays occidentaux, on observe une baisse de la natalité. Il faut attendre un peu pour voir si cette baisse n’est pas qu’un simple report des naissances. Les couples attendent-ils de meilleures conditions, au regard de la pandémie ? Certaines personnes ont été durement affectées par les confinements sur le plan économique. Renonceront-elles finalement à ce projet d’enfant ? Il est encore trop tôt pour le dire.

Dans les pays où les conditions d’accès à la contraception et à l’avortement, entre autres, sont difficiles, certains chercheurs et chercheuses ont noté une incidence sur la natalité.

Laurence Charton

C’est notamment le cas d’une collègue brésilienne, Alessandra de Andrade Rinaldi, avec qui je collabore dans le cadre d’une entente entre l’INRS et l’Universidade Federal Rural do Rio de Janeiro. Ainsi, il semble y avoir une hausse des naissances au Brésil, en particulier des naissances non planifiées, parmi les populations les plus démunies. Cela a évidemment des conséquences importantes pour ces femmes, ces enfants et ces familles, qui requièrent un soutien de la part des gouvernements, mais aussi d’organismes internationaux.


La COVID-19 s’est rapidement invitée dans vos travaux, et vous avez été active dans les réseaux scientifiques et dans les médias au cours de la dernière année. Quelle place occupe la mobilisation de vos résultats de recherche ?

Le transfert des résultats constitue une part importante de mon temps de travail. Je mène plusieurs activités de front, comme la rédaction d’articles scientifiques, la direction d’une revue scientifique francophone internationale et la direction de projets d’étudiantes et d’étudiants. J’essaie également de développer des outils de transfert des connaissances accessibles au plus grand nombre. Ainsi, avec l’aide de Sophie Bédard, j’ai réalisé six bandes dessinées liées à un projet financé par le Conseil de recherches en sciences humaines (CRSH) intitulé : « Désir et non-désir d’enfant au Québec ». Une septième est en préparation, ainsi qu’un balado.

Je prévois aussi réaliser prochainement des capsules vidéo pour un projet sur la conciliation entre la vie familiale et la vie professionnelle. Ce projet a reçu un financement du Secrétariat à la condition féminine (SCF), dans le cadre de la Stratégie gouvernementale pour l’égalité entre les femmes et les hommes vers 2021, et se fait en collaboration avec Relais-femmes et le Réseau pour un Québec Famille.

Ma contribution dans la mobilisation des résultats passe également par le cours que je donne à la maîtrise en mobilisation et transfert des connaissances à l’INRS et, bien sûr, par la formation d’étudiantes, d’étudiants et de stagiaires inscrits à l’INRS.


La série « Désir et non-désir d’enfant au Québec »:

1. Un enfant? Maintenant?

2. Un enfant? Pourquoi maintenant?

3. T’as pas d’enfant?! Oh...

4. Une grossesse prévue? Parfois… mais pas toujours

5. Un nom simple ou un nom double?

6. C’est quoi son prénom?

Cliquez sur les images pour lire les bandes dessinées.