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16 janvier 2017 | Gisèle Bolduc
Mise à jour : 13 mars 2023
Une exposition prolongée au stress perçu au travail est associée à une plus grande probabilité de cancer chez les hommes, et ce, pour les cancers du poumon, du côlon, du rectum, de l’estomac et du lymphome non hodgkinien. C’est là un des résultats obtenus par des chercheurs de l’INRS et de l’Université de Montréal qui ont réalisé la première étude évaluant le lien entre le stress professionnel ressenti chez les hommes tout au long de leur carrière et le cancer. Les résultats de cette recherche ont été publiés récemment dans Preventive Medecine.
Les pompiers, les ingénieurs industriels et en aérospatiale, les contremaîtres de mécaniciens et réparateurs de véhicules automobiles et de matériel ferroviaire sont les emplois les plus stressants.
Les sujets de l’étude avaient occupé en moyenne quatre emplois et parfois jusqu’à plus d’une douzaine au cours de leur carrière. Des associations significatives ont été mises en lumière pour cinq des onze cancers concernés dans le cadre de cette étude. Elles ont été observées chez les hommes qui avaient cumulé de 15 à 30 ans voire plus de 30 ans de stress au travail. Un tel rapport entre stress au travail et cancer n’a pas été établi chez les sujets ayant occupé des emplois stressants pendant moins de 15 ans.
Parmi les emplois les plus stressants figurent les pompiers, les ingénieurs industriels et en aérospatiale, les contremaîtres de mécaniciens et réparateurs de véhicules automobiles et de matériel ferroviaire. Chez un même sujet, la présence du stress variait selon l’emploi occupé. Les chercheurs ont été en mesure de documenter les changements dans le stress perçu au travail.
Cette étude montre aussi que le stress perçu ne se limite pas à la forte demande et aux contraintes de temps. Le service au client, les commissions de ventes, les responsabilités, le tempérament anxieux du sujet, l’insécurité d’emploi, les problèmes financiers, les conditions de travail difficiles voire dangereuses, la supervision des employés, les conflits interpersonnels et les problèmes de trafic sont autant de sources de stress évoquées par les répondants.
« Une des réserves majeures des études antérieures sur le cancer est qu’aucune n’a évalué le stress lié au travail pendant toute l’histoire professionnelle, empêchant d’estimer le rôle de la durée de l’exposition au stress au travail sur le développement du cancer. Notre étude montre l’importance de mesurer le stress à différents moments de la carrière. »
Les résultats obtenus soulèvent la question de la prise en compte du stress psychologique chronique en santé publique. Mais ces résultats sont à confirmer, car ils sont basés sur une évaluation du stress au travail pour un emploi donné qui reste sommaire. Des études épidémiologiques s’appuyant sur des mesures fiables et répétées du stress au cours du temps et qui tiennent compte de toutes les sources de stress sont maintenant nécessaires.
Paru dans Preventive Medecine, l’article « Lifetime report of perceived stress at work and cancer among men: A case-control study in Montreal, Canada » présente les résultats d’une recherche réalisée par Audrey Blanc-Lapierre, Marie-Claude Rousseau, Deborah Weiss, Mariam El-Zein et Marie-Élise Parent, toutes du Centre INRS–Institut Armand-Frappier, avec la collaboration de Jack Siemiatycki de l’Université de Montréal. Cette étude a bénéficié du soutien financier de Santé Canada, de l’Institut national du cancer du Canada, de l’Institut de recherche Robert-Sauvé en santé et sécurité au travail du Québec et du Fonds de recherche du Québec – Santé.
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