Marie-Claude Rousseau

La professeure Marie-Claude Rousseau détient un baccalauréat en biochimie (1991) de l’Université du Québec à Montréal, et des diplômes de M. Sc. (1998) et de Ph. D. (2003) en épidémiologie et biostatistique de l’Université McGill.

Détentrice d’une bourse de l’Institut National du Cancer du Canada, elle a effectué un stage postdoctoral en épidémiologie environnementale avec le groupe du Dr Jack Siemiatycki au Département de médecine sociale et préventive à l’Université de Montréal (2003-2004). Elle s’est jointe, en 2005, au Centre Armand-Frappier Santé Biotechnologie de l’INRS en tant que professeure.

Ses activités de recherche sont de nature épidémiologique et portent sur l’étiologie de maladies inflammatoires, auto-immunes et infectieuses (asthme, allergies, diabète, sclérose en plaques, maladies inflammatoires de l’intestin, cancer, COVID-19). Ses travaux sont financés entre autres par les Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC), la Société canadienne du cancer, la Société canadienne de sclérose en plaques et le Fonds de recherche du Québec – Santé (FRQS).

Est-ce que le vaccin contre la tuberculose contribue à diminuer la mortalité et les infections?

Équipe de recherche

• Marie-Claude Rousseau, INRS (Chercheure principale)
• Andrea Benedetti, Université McGill
• Dick Menzies, Université McGill
• Marie-Élise Parent, INRS
• Jacques Pépin, Université de Sherbrooke
• Philippe De Wals, Université Laval
• Maziar Divangahi, Université McGill

Le vaccin au bacille Calmette-Guérin (BCG) utilisé dans la prévention de la tuberculose pourrait réduire la mortalité chez les bébés et les enfants. Il pourrait aussi prévenir des maladies infectieuses autres que la tuberculose. De récentes études ont suggéré qu’il pourrait également protéger contre la COVID-19 et prévenir la mortalité due à cette maladie. Ces investigations récentes étaient limitées car elles n’ont examiné que les corrélations entre l’existence d’un programme de vaccination par le BCG et les taux de mortalité liée à la COVID-19. Des études doivent être menées dans des populations où il existe des registres de vaccination, de maladie et de mortalité, afin d’identifier exactement qui a été vacciné, qui a eu la maladie et qui en est décédé. Dans la province de Québec, une campagne de vaccination par le BCG a eu lieu entre 1949 et le milieu des années 1970. Le vaccin a été offert gratuitement aux nouveau-nés et aux écoliers, dont les informations sur la vaccination sont compilées dans un registre.

L’objectif de notre étude est de déterminer si la vaccination par le BCG en début de vie est associée à une diminution de la mortalité et des infections au cours de la vie. Nous étudierons des infections bactériennes et virales spécifiques, ainsi que les infections par le SRAS-CoV-2, le virus à l’origine de la COVID-19.

La population étudiée inclut 400 000 personnes. Il s’agit de la quasi-totalité des individus nés au Québec entre 1970 et 1974. Ils sont maintenant âgés de 47 à 51 ans. Les données ont déjà été obtenues à partir des bases de données administratives provinciales jusqu’en 2014, y compris le statut vaccinal BCG, les facteurs sociodémographiques et les décès, le cas échéant. Nous obtiendrons des données sur la mortalité et sur l’utilisation des services de santé pour les infections à partir des bases de données provinciales jusqu’en 2021. Nous comparerons les taux de mortalité et d’infections (infections bactériennes et virales et COVID-19 séparément) entre les personnes ayant reçu le vaccin BCG et celles qui ne l’ont pas reçu.

Il y a peu d’endroits dans le monde où ce type d’étude peut être fait. Notre cadre de recherche unique nous permettra de répondre à plusieurs questions importantes sur la vaccination par le BCG, nous permettant de comprendre ses effets au-delà de la prévention de la tuberculose.

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Étude de l’étiologie des maladies inflammatoires de l’intestin par l’approche du parcours de vie

Équipe de recherche

• Marie-Claude Rousseau, INRS (Chercheure principale)
• Prévost Jantchou, CHU Sainte-Justine (Co-chercheur principal)
• Andrea Benedetti, Université McGill
• Sylvie Girard, CHU Sainte-Justine
• Sreenath Madathil, Université McGill
• Belinda Nicolau, Université McGill
• Shu Qin Wei, CHU Sainte-Justine

Les maladies inflammatoires de l’intestin comprennent la maladie de Crohn et la colite ulcéreuse. Ces maladies affectent la digestion et l’absorption des aliments, ainsi que l’élimination des déchets. Après de nombreuses études, les chercheurs n’ont pu identifier avec certitude que quelques facteurs de risque, dont les antécédents familiaux de la maladie et le tabagisme. Certaines périodes de la vie pourraient être plus critiques pour le développement de ces maladies.

L’objectif est de clarifier les causes de ces maladies et d’identifier celles qui pourraient être ciblées par un programme de prévention. Nous étudions les facteurs environnementaux, médicaux, les habitudes de vie et les facteurs psychosociaux, de la naissance à l’âge adulte, pour déterminer s’ils sont liés au développement de la maladie. Ces facteurs comprennent, par exemple, la prématurité, l’allaitement, l’utilisation d’antibiotiques, le régime alimentaire, le tabagisme, le stress. Nous portons une attention particulière aux moments de survenue de ces facteurs au cours de la vie d’une personne.

Pour cette recherche,  nous utilisons une cohorte d’environ 400 000 personnes nées entre 1970 et 1974, dans la province de Québec. Cette cohorte a été créée en couplant des bases de données administratives provinciales. Des données portant sur les services médicaux et les hospitalisations pour les maladies inflammatoires de l’intestin ont été obtenues jusqu’en 2014 et sont utilisées pour déterminer qui souffre de ces maladies. Nous allons interroger environ 2 600 personnes de la cohorte pour obtenir des informations concernant leur exposition aux facteurs de risque ou préventifs potentiels. Parmi les participants, nous comparerons les personnes qui souffrent de maladies inflammatoires de l’intestin à celles qui n’en sont pas atteintes et évaluerons quels sont les moments clés de la vie durant lesquels ces facteurs peuvent avoir influencé le risque de ces maladies.

Cette recherche aidera à comprendre les facteurs de risque et préventifs des maladies inflammatoires de l’intestin en identifiant si certains moments dans la vie d’une personne sont particulièrement importants pour l’étiologie. Cette étude nous permettra de générer des renseignements cruciaux pour établir des programmes de prévention.

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Étude cas-témoin sur un potentiel effet protecteur du BCG contre le virus SARS-CoV-2  

Équipe de recherche

• Alex Carignan, Université de Sherbrooke (Chercheur principal)
• Jacques Pépin, Université de Sherbrooke
• Marie-Claude Rousseau, INRS
• Marie-Élise Parent, INRS
• Louis Valiquette, Université de Sherbrooke
• Annie-Claude Labbé, Université de Montréal
• Philippe De Walls, Université Laval

Le vaccin Bacille de Calmette-Guérin (BCG), utilisé pour prévenir la tuberculose et ses complications, est un stimulateur de l’immunité innée entrainée, conduisant à des effets non-spécifiques contre un large éventail de bactéries et de virus. Certaines cellules immunitaires innées affichent une mémoire intrinsèque à long terme. Pour la tuberculose, la protection conférée par le BCG dure au moins 30 ans, voire jusqu’à 50 ans. Les effets non-spécifiques ou « hors-cible » du BCG pourraient aussi persister pendant de nombreuses années après la vaccination. Au début de la pandémie de la COVID-19 causée par le virus SARS-CoV-2 pour lequel aucun vaccin n’était encore disponible, l’hypothèse d’une certaine protection conférée par le BCG contre ce virus a été formulée. Plusieurs études écologiques ont rapporté une diminution d’incidence de COVID-19 dans des pays avec un programme de vaccination universelle au BCG. Toutefois, ces études présentent des limites méthodologiques importantes.

Par cette étude, nous voulons vérifier si le BCG administré il y a au moins 40 ans protège contre l’infection à SARS-CoV-2.

Le devis retenu est une étude cas-témoin, dont les cas étaient des personnes ayant eu un test positif pour le SARS-CoV-2, et les témoins des personnes qui ont eu un test de laboratoire autre que pour une infection respiratoire ou à SARS-CoV-2 pendant la même période. Deux centres ont participé à l’étude, dont le CIUSSS Estrie (Centre Hospitalier Universitaire de Sherbrooke) et le CIUSSS de l’Est de l’Île de Montréal (Hôpital Maisonneuve-Rosemont), d’où environ 900 cas et 2100 témoins ont été recrutés de mars à octobre 2020. L’inclusion a été limitée aux personnes nées au Québec et âgées entre 45 et 64 ans. Cette étude bénéficie d’une combinaison de facteurs qui sont uniques au Québec : i) un programme de vaccination au BCG, à travers lequel environ la moitié des enfants québécois ont reçu le vaccin de 1956 à 1976; ii) un registre vaccinal informatisé de toutes les personnes ayant reçu le BCG au Québec dès 1956, disponible à l’Institut National de la Recherche Scientifique; et iii) une haute incidence d’infection à SARS-CoV-2 au Québec, notamment à Montréal. Nous avons croisé les données obtenues des participants avec le registre vaccinal pour déterminer qui a reçu ou pas le vaccin BCG. Nous avons ensuite déterminé grâce à des analyses statistiques si le risque de développer une infection à SARS-CoV-2 était réduit chez les vaccinés au BCG.

Notre étude est la toute première spécifiquement conçue pour étudier cette question à partir de données individuelles. L’accès aux vaccins contre la COVID-19 varie grandement d’un pays à l’autre, rendant utile l’identification de tous les outils et mesures de prévention potentiels. Les résultats de cette recherche seront diffusés sous peu.

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Stimulation non spécifique du système immunitaire en bas âge par la vaccination avec le Bacille Calmette-Guérin (BCG) et développement de maladies inflammatoires et auto-immunes

PROJET LYMPHOME

Équipe de recherche

• Marie-Claude Rousseau, INRS (Chercheure principale)
• Andrea Benedetti, Université McGill
• Marie-Élise Parent, INRS

PROJET SCLÉROSE EN PLAQUES

Équipe de recherche

• Marie-Claude Rousseau, INRS (Chercheure principale)
• Christina Wolfson, Université McGill
• Andrea Benedetti, Université McGill
• Nathalie Arbour, CHUM, Université de Montréal
• Pierre Duquette, CHUM, Université de Montréal
• Marie-Élise Parent, INRS

Plusieurs études suggèrent un lien possible entre la vaccination, les infections infantiles et la maturation du système immunitaire. Le vaccin BCG est un immunostimulant impliqué dans la sensibilisation des lymphocytes Th1 à produire des cytokines. Les résultats épidémiologiques portant sur les effets de la vaccination par le BCG sont contradictoires. Certaines études ont suggéré une plus faible incidence d’asthme, d’allergies et de diabète de type 1 chez des sujets vaccinés. Le vaccin BCG a également été suggéré comme facteur préventif potentiel pour la leucémie et le mélanome, mais comme facteur de risque pour le lymphome non hodgkinien et la maladie de Hodgkin.

Un programme de vaccination par le BCG a eu lieu au Québec de 1949 à 1974, instigué par Dr Armand Frappier lui-même. Les certificats de vaccination pour la province étaient envoyés au registre central, conservé au Centre Armand-Frappier Santé Biotechnologie de l’INRS. Ce registre a été informatisé grâce à une subvention de la Fondation canadienne pour l’innovation (Fonds des leaders). L’objectif général de ces projets consiste à déterminer si la stimulation non spécifique du système immunitaire en bas âge par le vaccin BCG est associée à des effets bénéfiques ou néfastes pour la santé. Le registre de vaccination BCG est une ressource unique présentant un énorme potentiel pour répondre à des questions concernant les effets non ciblés possibles de ce vaccin. Nous avons démontré la faisabilité et la validité de coupler cette source de données avec des bases de données administratives disponibles au Québec [registre des naissances et décès, Med-Écho (hospitalisations), RAMQ (services médicaux)].

Les présents travaux portent sur l’étude d’un lien potentiel entre la vaccination au BCG et le risque de maladies inflammatoires et auto-immunes, dans une vaste cohorte de naissance québécoise. La portée des connaissances générées ira bien au-delà de la vaccination BCG, en contribuant à une meilleure connaissance du rôle de l’immunostimulation en jeune âge et de certains des facteurs menant à l’étiologie de maladies chroniques à caractère inflammatoire ou auto-immun.

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Expositions professionnelles et cancer de la prostate : analyse et partage des connaissances découlant d’une étude canadienne basée sur la population

Équipe de recherche

• Marie-Elise Parent, INRS (Chercheure principale)
• Paul Demers, Occupational Cancer Research Center
• Jérôme Lavoué, Université de Montréal
• Marie-Claude Rousseau, INRS
• Andrea Benedetti, Université McGill
• Cheryl Peters, Alberta Health Services

Problématique 

Chaque année, 21 000 canadiens reçoivent un diagnostic de cancer de la prostate. Environ 30 % de ces cancers sont agressifs, mais le diagnostic et le traitement des cas non agressifs ont de graves répercussions sur la qualité de vie. L’âge, l’origine ethnique et les antécédents familiaux sont les seuls facteurs de risque établis, tandis que la génétique n’explique qu’une proportion des cas familiaux. Il existe des preuves irréfutables que les facteurs environnementaux jouent un rôle, mais des facteurs de risque modifiables n’ont pas encore été identifiés, de sorte que la prévention n’est pas possible. Mis à part les pesticides, très peu de recherches ont été menées sur les produits chimiques de l’environnement en lien avec l’étiologie du cancer de la prostate. Plusieurs produits chimiques sont eux-mêmes cancérogènes ou agissent comme des modulateurs endocriniens et pourraient être impliqués. Le lieu de travail représente un créneau privilégié pour étudier les produits chimiques, car beaucoup d’entre eux se trouvent à des niveaux plus élevés, ce qui facilite leur mesure. Étant donné que la plupart des produits chimiques utilisés sur le lieu de travail finissent par se retrouver dans l’environnement général, ces expositions sont non seulement pertinentes pour les travailleurs, mais aussi pour l’ensemble de la population. L’absence de grandes études professionnelles bénéficiant d’une évaluation rigoureuse de l’exposition a constitué le principal inconvénient à l’avancement des connaissances dans ce domaine. En 2002-2015, les organismes de financement canadiens ont financé ce qui, à notre connaissance, est l’étude la plus vaste et la plus complète sur le cancer de la prostate, afin d’évaluer le rôle étiologique de l’exposition en milieu de travail.

Objectif général 

Déterminer si les différentes expositions mesurées en milieu de travail augmentent le risque de développer un cancer de la prostate.

Méthodes 

1 933 cas, dont 538 cancers agressifs, ont été recensés dans les hôpitaux de la région métropolitaine de Montréal. Parallèlement, 1 994 témoins de la population ont été échantillonnés à partir des listes électorales. Des entrevues en face-à-face ont permis de recueillir des renseignements sur les facteurs sociodémographiques, le mode de vie et les facteurs médicaux, y compris le dépistage. Nous avons documenté chaque emploi occupé par chaque sujet au cours de sa vie, en obtenant des détails sur des tâches précises, l’équipement utilisé, etc. Cette mine d’information professionnelle (15 724 descriptions de travail) a été codée par une équipe de chimistes/hygiénistes industriels qui ont déterminé l’exposition des participants à des centaines de produits chimiques au cours de leur vie.

Objectifs spécifiques 

19 sous-projets analytiques seront menés. Ces projets portent sur les expositions suspectées de posséder des propriétés de perturbation endocrinienne et/ou s’appuient sur des résultats antérieurs. Les expositions d’intérêt incluent les hydrocarbures aromatiques polycycliques, les liquides dérivés du pétrole, les émissions des moteurs et les produits de combustion, les solvants, les fumées de soudage, les résines et les polymères, les métaux, les produits chimiques liés à la peinture et les pesticides. D’autres projets portent sur le travail de nuit et sur l’activité physique/l’inactivité au travail. Les expositions seront analysées individuellement et combinées, en tenant compte des co-expositions, de la confusion et des interactions.

Importance/application 

Ce projet, qui représente une avancée majeure dans ce domaine, générera de nouvelles connaissances importantes en vue de l’établissement de mesures préventives contre le cancer de la prostate.