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24 mars 2022 | Audrey-Maude Vézina
Mise à jour : 24 mars 2022
Une étude préclinique permettra de tester l’efficacité d’un vaccin à base de sucres exprimés à la surface de la bactérie responsable de cette maladie infectieuse.
La bactérie Burkholderia pseudomallei qui cause la mélioïdose est résistante aux antibiotiques.
La mélioïdose présente une réelle menace. La bactérie qui cause cette maladie infectieuse multisymptomatique est résistante aux antibiotiques, ce qui complexifie le diagnostic et le traitement. Avec un taux de mortalité qui peut atteindre 50 %, cette maladie tropicale négligée est dans la mire du professeur Charles Gauthier de l’Institut national de la recherche scientifique (INRS) depuis une dizaine d’années. En collaboration avec les professeurs Eric Déziel et Alain Lamarre, il se lance dans des tests précliniques pour un vaccin, à la suite de l’obtention d’un financement de plus de 700 000 $ des Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC).
La bactérie Burkholderia pseudomallei se trouve dans la boue et les sols, principalement dans les pays en zone équatoriale tels que l’Australie, la Thaïlande, l’Inde ou le Brésil. Avec les inondations et les sécheresses, elle peut contaminer les particules de surface qui sont entrainées par les vents.
« Avec la hausse des températures et le risque grandissant de catastrophes naturelles, des études anticipent une augmentation des cas de contamination et l’élargissement des zones à risque. Il faut être prêt. »
Charles Gauthier, spécialiste en chimie des sucres
Durant les cinq années du projet, son équipe développera un vaccin glycoconjugué. Ce type de vaccin associe les sucres exprimés à la surface de la bactérie à une protéine porteuse, reconnue par les lymphocytes T, les « soldats » de notre système immunitaire, qui déclenchent la production d’anticorps. Le professeur Lamarre, expert en développement de vaccins, et le professeur Déziel, expert en microbiologie des bactéries Burkholderia, mèneront les études de vaccination chez la souris et étudieront la nature des réponses immunitaires.
Les scientifiques testeront plusieurs versions du vaccin avec différentes combinaisons des trois chaînes de sucres, ou polysaccharides, exprimés par la bactérie. Ces sucres sont prometteurs, puisqu’ils sont déjà ciblés par les anticorps. Plutôt que de les isoler directement de la bactérie, le professeur Gauthier utilise des imitations de ces sucres, développées lors de ses travaux antérieurs. Cette approche évite les risques de manipulation du pathogène.
« Nous avons réussi à synthétiser des polysaccharides qui miment ceux de la bactérie, en plus d’être reconnus par les anticorps. Nous avons été de véritables pionniers dans le domaine », souligne-t-il. Le processus de synthèse devra toutefois être optimisé afin d’augmenter le rendement global de production des sucres.
En tant que membre du réseau VALIDATE de l’Université d’Oxford pour le développement de vaccins contre les pathogènes négligés, le professeur Gauthier bénéficie pour ses travaux de l’apport de scientifiques à l’international. Il collabore entre autres avec le chercheur américain Brad Borlee du Colorado State University, qui lui fournit des souches atténuées de la bactérie Burkholderia pseudomallei. Les sucres produits par ces dernières serviront de contrôle par rapport aux sucres « mimes » lors des études vaccinales. Il travaille également avec la professeure irlandaise Siobhán McClean du University College Dublin, qui s’intéresse aux protéines exprimées par la bactérie. Puisque ces molécules sont également ciblées par le système immunitaire, une utilisation conjointe des sucres est envisageable pour augmenter l’efficacité du vaccin.