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Quand la technologie s’inspire du vivant

14 décembre 2022 | Julie Robert et Sophie Laberge

Mise à jour : 19 décembre 2022

La biodiversité au service des villes plus durables et résilientes.

Spectaculaire paysage urbain éco-futuriste concept ESG plein de verdure, de gratte-ciel, de parcs et d'autres espaces verts artificiels en zone urbaine. Jardin vert dans une ville moderne. Illustration 3D d'art numérique.

Les approches fondées sur la nature sont parmi les plus économiques, efficaces et résilientes pour faire face aux nombreux défis que représentent les changements climatiques. ADOBE STOCK

Entre le 7 et le 19 décembre 2022, la 15e Conférence des Parties (COP15) à la Convention sur la diversité biologique (CDB) sollicite de nombreux membres de notre communauté. Louise Hénault-Ethier, directrice du Centre Eau Terre Environnement et professeure associée à l’INRS, est l’une d’elles. Pour cette scientifique et citoyenne engagée, les enjeux environnementaux trouvent leurs solutions dans le vivant.

La nature, mère de toutes les technologies

Pour la chercheuse, plusieurs technologies, qui sont des solutions inspirées de la nature, peuvent nous aider à réduire notre empreinte carbone et adapter nos villes aux changements climatiques. « Notre intérêt en matière de biodiversité ne date pas d’hier, rappelle-t-elle. La nature est une source d’inspiration forte de 3,7 milliards d’années d’évolution sur Terre couronnée de succès. »

Par exemple, les biotechnologies misent sur des microorganismes vivants pour produire des bioproduits ou nous aider à gérer des matières résiduelles de façon responsable dans le cadre d’une économie circulaire.

Le compostage est une pratique de plus en plus répandue. Il aide à traiter les matières résiduelles organiques des citoyennes et citoyens en milieu urbain et génère un compost riche en matières organiques pouvant améliorer la santé des sols et nourrir les plantes.

Pourtant, et comme le précise, la chercheuse, le compostage a ses limites.

Louise Hénault-Ethier

« Le compostage n’est pas la panacée pour contrer le gaspillage alimentaire. Il faut agir à la source et éviter de jeter des aliments, dont la production, le transport, et le conditionnement ont une forte empreinte carbone. »

Louise Hénault-Ethier, professeure et directrice du Centre Eau terre Environnement

Ainsi en tant que société, nous pouvons nous tourner vers des options de surcyclage qui s’inspirent aussi de la nature. C’est le cas des entotechnologies, des technologies misant sur les insectes, piliers du fonctionnement des écosystèmes naturels. Non seulement ils agissent comme des recycleurs des matières organiques, mais ils servent aussi d’aliments pour toute la chaîne trophique.

La ville, un écosystème en changement

Au cours des dernières années, les décisions des administrations des villes ont beaucoup évolué, entre autres en matière de compost, de recyclage et de bâtiments verts. Mais il ne faut pas oublier que la population et les animaux qui vivent dans les villes sont une part importante de l’écosystème.

L’offre de sous-produits agroalimentaires propres et traçables à base d’insectes comestibles, afin d’en faire des aliments de qualité, peut-être une option intéressante pour la population et les animaux de compagnie. En effet, les insectes laissent derrière eux un fumier riche pouvant servir de fertilisant aux plantes. Ce composé permet également d’augmenter leur immunité et leur résistance aux différents types de stress exacerbés en contexte de changements climatiques, comme la sécheresse ou la présence de ravageurs.

« Les plantes sont l’épine dorsale de la composition de nos écosystèmes, explique Louise Hénault-Ethier. Pour trouver des solutions aux divers problèmes environnementaux, on peut utiliser les végétaux de façon technologique. On parle alors de phytotechnologies. »

Ces innovations technologiques regroupent les murs et toitures végétalisées, les noues utilisées pour les toitures, les biorétentions, les bandes riveraines, les marais filtrants et bien plus encore. En choisissant le bon type de plante et un substrat de croissance adapté dans un aménagement optimisé, il est possible de réduire l’excès de chaleur ou de ruissellement pluvial des îlots urbains bétonnés. Des conséquences notoires pour les villes et leurs habitants.

Adapter bien, adapter mieux

Pendant longtemps, l’humanité a usé de génie pour concevoir des villes et des habitats qui optimisent le fonctionnement d’un seul service à la fois. Par exemple, les routes qui fluidifient la circulation ou encore des conduites d’égout pluviales qui accélèrent l’évacuation des précipitations. Mais les infrastructures faites de béton ont été déployées sur le territoire au détriment de vastes habitats naturels.

En s’inspirant du fonctionnement des écosystèmes naturels et en puisant dans les capacités d’adaptation de la diversité biologique qui nous entoure, on peut non seulement laisser plus de place à la nature en ville, mais aussi la rendre plus habitable et plus viable pour ses occupantes et occupants.

« Les approches fondées sur la nature sont parmi les plus économiques, efficaces et résilientes pour faire face aux nombreux défis que représentent les changements climatiques. Elles peuvent nous permettre d’outrepasser les conceptions durables pour faire des écosystèmes urbains régénératifs », conclut Louise Hénault-Ethier. 

Louise Hénault-Ethier sera conférencière invitée à la Zone d’action publique COP 15, un événement grand public initié par le Réseau Environnement, au Grand Quai du Port de Montréal, ce mercredi de 10 h 20 à 11 h et animera une conférence sur le Rôle des universités pour la biodiversité de midi à 13 h 30.