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Où dénicher plus de mégawatts au Québec ?

12 novembre 2024

( Mise à jour : 12 novembre 2024 )


La question scientifique du mois : démystification de sujets complexes en réponses simples et efficaces.

À l’ère de la transition énergétique, la question est sur toutes les lèvres : où dénicher plus de mégawatts au Québec ? Réponse : dans des mines abandonnées ! Celle de King-Beaver dans la région de Thetford Mines en est un bon exemple. Son potentiel géothermique pourrait alimenter d’importants systèmes de refroidissement et de chauffage. Mais comment est-ce possible ?

Tout commence avec l’eau

Les mines désaffectées à ciel ouvert contiennent d’immenses quantités d’eau. Si la température de cette eau varie au gré des saisons en surface, elle reste toujours stable en profondeur, par exemple à 4,6 °C pour King-Beaver. Récupérée par des systèmes de pompe à chaleur et transférée à des bâtiments, cette eau peut servir à leur climatisation.  



De quelle manière?

La pompe tire la chaleur de la bâtisse à climatiser, puis la retourne dans le lac de la mine désaffectée, où elle sera naturellement gardée à une température stable. À King-Beaver, on pense que le potentiel de refroidissement de toute la masse d’eau pourrait atteindre une puissance de 6 mégawatts.



Quels types de bâtiments sont visés ?

Ce système pourrait servir à climatiser des bâtiments situés à proximité de ces mines désaffectées, et ayant une forte demande énergétique comme des centres de données hébergeant des serveurs, des serres ou d’autres bâtisses industrielles. Des industriels ayant de grands besoins en refroidissement dans leurs procédés pourraient tirer avantage de ce potentiel géothermique, comme les usines de transformation de résidus miniers en développement dans la région.

Si l’on peut climatiser, peut-on chauffer
aussi?

Oui, en inversant le cycle et en captant la froideur d’un bâtiment, on peut refroidir l’eau pompée de 4,6 à 2 °C, ce qui libère de la chaleur pouvant être transférée au bâtiment à des fins de chauffage. À King-Beaver, on parle d’un potentiel énergétique aux alentours de 2,5 mégawatts de puissance de chauffage.



Et… c’est vraiment avantageux ?

Tout à fait ! Et ce, même si la pompe à chaleur fonctionne à l’électricité. Tout d’abord parce que le transfert de la chaleur d’un bâtiment dans l’eau plutôt que dans l’air est plus efficace. Ensuite, car le chauffage par énergie géothermique consomme beaucoup moins d’énergie que celui à l’électricité ou au gaz naturel. De plus, l’exploitation d’un ancien site minier ne nécessite pas de forages importants et offre une seconde vie à un lieu inutilisé. À l’INRS, les professeurs Geneviève Bordeleau et Jasmin Raymond étudient les sites de King-Beaver et de Carey dans la région de Thetford Mines pour évaluer cette voie prometteuse.